The Greatest Showman : l’invention du show business magnifiée

Avec la sortie de « The Greatest Showman », Michael Gracey signe sa première réalisation sur grand-écran. D’ordinaire directeur d’effets visuels, il a été engagé par la 20th Century Fox en août 2011 pour le mettre en scène. Le tournage ne débute pour autant qu’en novembre 2016.

Sorti le 20 décembre 2017 aux Etats-Unis et un mois plus tard en France, le film biographique musical est encore dans les salles. Il s’inspire en réalité de l’histoire de la création du cirque Barnum par Phineas Taylor Barnum, ainsi « The Greatest Showman » se veut en faire sa biographie.

Le casting du film

Pour interpréter ce bon vieux Phineas Barnum, le premier à avoir rejoint le casting est Hugh Jackman. On est relativement loin des X-men, Wolverine et autres doublures d’Happy Feet.

A l’écran, Michelle Williams interprète sa femme, Charity Barnum ; Zac Efron, son associé, Philip Carlyle, dans un rôle relativement différent de High School Musical ou Baywatch.

Zendaya joue le rôle de Anne Wheeler, une trapéziste qui en pince pour Philip Carlyle. Quant à Rebecca Ferguson, elle interprète Jenny Lind, la chanteuse qu’il prend sous son aile et affectionne tant.

Le résumé du film

Dans les années 1870, aux Etats-Unis, Phineas Taylor ou P.T. Barnum, après avoir essuyé un licenciement, décide d’ouvrir un musée. Ses filles lui soufflent l’idée que son musée comporte trop de choses mortes. Il se lance alors dans la quête de talents et personnes qu’on appellera des curiosités. Parce que oui, ce dont il est question, ce sont les freak shows. Pour rappel, les freak show consistent en l’exposition d’êtres humains aux aspects physiques non ordinaires, généralement dans un but de choquer le spectateur.

Parmi nos « bêtes de foire », on compte : une femme à barbe, un nain, un homme tatoué, un très poilu, un géant,… P.T. Barnum les réunis donc au sein de son « musée », entre chant, chorégraphies et numéros de trapèze. Musée qu’il renomme Cirque suite à une critique de presse qui qualifie son spectacle de tel. Mais P.T. Barnum voit plus loin et poussé par son ambition, il décide de prendre en charge la tournée américaine de la chanteuse d’opéra Jenny Lind à la voix époustouflante et là, c’est le début de la fin !

The Greatest Showman : une biographie manquée de Phineas Barnum…

The Greatest Showman se dit biographique et pourtant les incohérences ne manquent pas. Pire encore, le film vend P.T. Barnum comme un philanthrope, presque défenseur de la différence, promoteur de la tolérance. Or, il était un baratineur au possible, presque un arnaqueur professionnel. En 1835, le véritable P.T. Barnum – et je ne vous parle pas du film – fait son entrée dans l’industrie du spectacle. Il présente Joice Heth comme la nourrice du président Washington, âgée de 161 ans, mais elle décède en 1836.

Alors il s’embarque dans un cirque dont le personnage central est un chanteur afro-américain. Celui-ci étant en réalité un esclave, il s’enfuit dès qu’ils atteignent la Caroline Du Nord, état précurseur dans la lutte pour l’abolition de l’esclavage.

Pour autant Barnum refuse de rembourser les tickets déjà vendus et décide de se peindre en noir pour remplacer le chanteur. C’est très étrangement un échec !

En 1841, il achète un musée et se lance dans les freak show. C’est là que devrait se situer logiquement notre film.

Or, même si on le voit acheter son musée avec des étoiles pleins les yeux, on le voit également dans les années précédent cela, posé dans sa vie de famille avec une femme et deux enfants, et jusque-là, un emploi stable.

Or, le véritable P.T. Barnum a eu un parcours semé d’embûches et a toujours été attiré par le spectacle (ou peut-être plus son côté voyeuriste).

Autre incohérence :

En 1850, il rencontre Jenny Lind, la fameuse chanteuse d’opéra venue d’Europe. Il lui organise une tournée américaine couronnée d’un véritable succès. Or, ce qui intervient 10 ans après l’ouverture du « cirque » n’intervient que quelques mois tout au plus après, dans le film.

Dans le film, il abandonne en effet son cirque et ses représentations pour accompagner la chanteuse sur sa tournée. Niveau timing, que ce n’est pas très cohérent.

De plus, en 1871, avec son nouvel acolyte il met en place le P.T. Barnum’S Great Circus Museum and Menagerie sous une tente de 5 000 places. Il se met à circuler à travers le pays puis à travers l’Europe par le biais de voies ferrées qui nécessitent 80 wagons :

c’est The Greatest Show On Earth, comprenez le plus plus grand spectacle sur terre. Il encourage, ou créé, le gigantisme américain et le show business. Mais il se sépare de son acolyte quelques années plus tard. Le cirque portera malgré tout le nom de Barnum jusqu’à la fermeture du cirque en 2017.

Mais Hugh Jackman nous rassure :

« The Greatest Showman n’est en aucun cas un film biographique traditionnel, ni un documentaire, même si nous avons fait de nombreuses recherches ».

Tout est dit, un peu plus et on aurait pu penser qu’ils avaient pris le nom de personnes ayant véritablement existé en romançant à un point tel que l’histoire en ressortait totalement changée…

Oui, P.T. Barnum était l’inventeur du cirque moderne, et il a révolutionné les pratiques du cirque. Mais il n’en était pas moins un charlatan gagnant sa vie par le voyeurisme des gens, aux aspects parfois malsains. Mais rassurez-vous, vous n’en verrez rien dans le film, P.T. Barnum apparaît comme un véritable salvateur de ces personnes.

Il leur offre une véritable famille au sein du cirque, dans un discours prônant la tolérance et effaçant la peur de la différence encore présente à l’époque. Pourtant, il est souvent accusé d’avoir popularisé le racisme plus que la tolérance…

… mais une expérience musicale qui enchante

La bande originale du film a été composée par John Debney. Les paroles ont été écrites par Benj Pasek et Justin Paul. Ils étaient déjà à l’origine des chansons de la comédie musicale LaLaLand. Peut-être est-ce le côté un peu chanson populaire/divertissement qui a tendance à plaire.

L’autre jour, une des chansons du film passée et quelqu’un a dit « On peut arrêter d’écouter Disney ? », et c’est LA que c’est devenu évident ! Nous ne sommes pas loin des musiques de Disney finalement. Il faut reconnaître que ça a quelque chose d’enchanteur et agréable.

Plus sérieusement, le film se veut être une adaptation musicale de l’histoire et sur ce point, disons que c’est réussi. À la limite du crédible, mais c’est une comédie musicale sur le gigantisme américain, la crédibilité ne devait pas être leur maître-mot.

Non, ça devait plutôt être « rêver les yeux grand ouvert » et c’est ce que permettent de faire ces petits moments musicaux enivrant et interprétés avec talents, il faut le reconnaître.

La prestation de Zac Efron est loin de notre petit Troy Bolton des années High School Musical : plus d’assurance, plus de prestance et encore plus séduisant.

En outre, les musiques et chorégraphies sont là pour en mettre plein les yeux et portent bien souvent ce message de rêver les yeux ouverts, ce même message de tolérance pas réellement fidèle à l’histoire véritable !

Mais cela en fait des chansons porteuses de plus d’espoirs et d’ambitions encore qui permettent d’apprécier la musique hors contexte. Dans l’objectivité la plus parfaite, elles sont toutes géniales ! ViveOn vous conseillait déjà le titre This is me dans son article 100% musical.

Bilan de la séance

Rotten Tomatoes résume les critiques du film comme suit :

« The Greatest Showman se donne du mal pour tenter d’éblouir le spectateur avec un sens du merveilleux façon Barnum… mais au détriment de l’histoire réelle du personnage complexe qui lui sert de sujet, bien plus intrigante ».

Et c’est exactement ça. Une histoire romancée dans le but de servir de divertissement familial. Alors si vous souhaitez voir une biographie de Phineas Barnum ou la réalité des freak show, ce film n’est pas pour vous. En revanche, si vous cherchez un moment de divertissement et de spectacle avec une histoire pas totalement prévisible mais un poil touchante, n’hésitez pas à aller le voir ! Toutes les musiques sont entrainantes et elles vous resteront probablement dans la tête. Pour nous, c’était un très bon moment. ViveOn vous souhaite d’en passer un aussi bon en fonçant voir The Greatest Showman.