Sèdo Tossou : un Français sur la voie d’Hollywood

Bonjour à tous et à toutes ! Aujourd’hui, nous avons l’honneur d’avoir avec nous Sèdo Tossou, un acteur, pianiste et mannequin sur la route de la célébrité. Il a déjà beaucoup de projets en cours, et il va nous en parler aujourd’hui, ici.

Bonjour Sèdo ! Comment vis-tu cette année qui a été riche en émotion pour toi ?

Bonjour ! Disons qu’il y a deux facettes de ma vie cette année, celle lumineuse, avec toutes les réussites qui s’enchaînent et me donnent l’impression de marcher sur l’eau, puis celle plus sombre, car pour obtenir tout ça, cela demande derrière beaucoup d’investissement, de sacrifice, d’énergie et je dois avouer que souvent j’accuse un peu le coup physiquement et moralement avec l’accumulation.

Tu es partout en ce moment : quels gros projets de films as-tu eu ? Peux-tu nous en parler ?

C’est vrai que je suis sur beaucoup de fronts en même temps. Alors j’ai tourné dans 2 films cette année, «  le Grand Paris » réalisé par Mohamed Hamidi avec Gilles Lellouche et Malik Bentalha puis « Le gendre » avec Bénabar et Bruno Salomone. J’attends également la sortie cette année de la série américaine Jack Ryan produite par Amazon Studios dans laquelle j’ai joué un petit rôle.

C’est super ! A ce propos, rêves-tu de travailler un jour avec une grande société comme Warner Bros ou une franchise comme Marvel, par exemple ?

J’aspire à ça un jour, clairement. À vrai dire, j’ai déjà passé un casting l’année dernière pour un rôle en anglais dans un film produit par Warner Bros.

3 mois de tournage à la clé à Londres, clairement c’était une opportunité énorme, je ne l’ai pas décroché mais j’avais fait une super prestation à l’audition du coup la directrice de casting qui m’avait casté m’a recontacté quelques semaines après pour un rôle dans la série américaine Jack Ryan et cette fois-ci je l’ai décroché.

Je compte me former bientôt dans une école d’acting anglophone pour pouvoir ensuite me donner plus d’opportunités de m’insérer dans l’industrie américaine et anglaise puis qui sait un jour en effet décrocher des rôles dans ce type de productions.

Tu as participé au concours WCOPA pour te rendre à Hollywood (vice-champion de France en acting, instrumentalists, médaille de bronze en mannequinat). Comment as-tu fait pour en arriver à un tel niveau ?

Alors, je me suis qualifié pour le WCOPA en effet qui aura lieu en juillet, et franchement, ce sont des années de travail qui sont enfin récompensées.

J’ai enchaîné les enseignements artistiques depuis mon plus jeune âge grâce à mes parents, ce qui fait que quand j’ai voulu le faire de façon professionnelle j’avais déjà un niveau très bon dans plusieurs domaines (le piano, le théâtre, la danse…)

donc après il ne restait qu’à se perfectionner pour atteindre l’excellence et y ajouter ma singularité car je reste persuadé que pour réussir dans ce milieu il faut miser sur ce qui nous rend atypique. Pour ma part c’est ma polyvalence artistique ainsi que ma personnalité que j’essaye de transmettre à travers ça.

As-tu des conseils à donner à ceux/celles qui souhaitent participer à ce concours ?

Je n’ai pas encore de conseil étant donné qu’à l’heure où je réponds, je n’ai pas encore fait le concours à Hollywood donc je préfère finir de vivre cette belle aventure à fond pour faire mes retours complets par rapport à ça ensuite.

A quel âge as-tu commencé le piano ? Qu’est-ce qui a motivé cette vocation ?

J’ai commencé le piano à 6 ans. Honnêtement ce sont mes parents, ils m’avaient inscrits à l’éveil musical dès mes 4 ans puis ensuite au piano et ça m’a tout de suite plu puis je n’ai jamais arrêté depuis et aujourd’hui c’est ma passion numéro 1.

Comment tes parents ont réagi lorsqu’ils ont su que tu souhaitais être acteur professionnel ?

Très mal. J’étais destiné à des études d’ingénieur et le fait d’avoir arrêté pour me consacrer qu’à l’acting a été vu par toute ma famille comme un échec, j’ai pas eu de soutien à cette période qui par conséquent a été très dure pour moi, je me suis retrouvé seul et me suis énormément renfermé sur moi-même. Dans ma tête je n’avais plus que ma carrière et rien d’autre, c’est ce qui fait que je m’y suis dédié cœur, corps et âme.

À partir de ce moment je n’envisageais plus que la réussite car je savais que si j’échouais j’allais entendre les fameux « je te l’avais dit / t’aurais dû m’écouter » et il n’en était pas question surtout que j’ai une nature très fière avec beaucoup d’ego. Ça m’a créé une rage de vaincre qui m’a porté, aidé à tenir et encore aujourd’hui me galvanise.

J’ai encore pourtant tant à faire et à accomplir mais mes parents aujourd’hui sont fiers de moi et me soutiennent donc j’ai réussi sur ce point et c’est ce que je voulais, leur prouver qu’ils se trompaient.

« Prove to them that they’re wrong ! »

 

Qui est-ce qui t’inspire dans le monde du cinéma ? Un acteur, un réalisateur ou même un producteur ?

Honnêtement sans vouloir paraître arrogant ou autre mais je suis ma propre inspiration. Je n’ai pas de modèle dans ce milieu puis paradoxalement je manque un peu de culture cinéma également il faut dire.

Après j’admire la carrière de Bryan Cranston, généralement les acteurs se faisant connaître dans des séries très populaires ont du mal ensuite à se détacher de ce rôle là et à confirmer en cinéma également, ils sont cantonnés à la télé et ont moins de reconnaissance, de considération pour le ciné.

Lui pour le coup non seulement s’est totalement détaché du rôle de Hal dans Malcolm mais en plus a reçu énormément de succès dans les rôles qui ont suivi et qu’il interprète avec brio, je pense même qu’il aurait dû remporter l’oscar pour Dalton Trumbo.

As-tu des livres ou même des citations qui t’ont aidé à avancer mentalement et physiquement ?

Je ne suis pas un grand lecteur, je sais que je devrais mais bon… Après j’avoue aussi ne pas être fan de tout ce qui est citation généraliste qui dicte la vie ou donne la recette du succès soi-disant, de une je n’y crois pas, de deux je reste persuadé que chacun doit trouver sa propre voie du succès, sa propre recette pour réussite, sa propre notion d’accomplissement et c’est ce que je fais, du moins entreprends de faire.

Cinématographiquement où te projettes-tu dans l’avenir, avec qui et quelle est ta vision sur le long terme  si tu en as une?

Je me projette dans l’industrie américaine d’ici quelques années je pense, en tout cas je travaille pour. Avec qui, je ne sais pas encore, mais j’espère travailler avec des personnes qui auront des valeurs similaires aux miennes et me permettraient de transmettre ce que j’aime artistiquement parlant.

J’aimerais beaucoup être à la base de création originale également un jour, je compte me former pour ça, histoire de ne pas être totalement dépendant de l’industrie en place puis pouvoir travailler sur des projets plus personnels.

Très bien, penses-tu qu’il est important d’avoir fait une école de théâtre pour devenir acteur ?

Ce n’est pas important, c’est primordial. On aime bien en France prendre l’exemple de l’acteur autodidacte repéré dans la rue, mais ça représente probablement 0,1% des acteurs qui réussissent dans cette industrie. Acteur c’est un métier, qui s’apprend comme tous les autres et qui te donne plus de légitimité ensuite aux yeux de l’industrie, c’est comme si tu apprenais le droit sur le tas puis te disais avocat ensuite.

On préférera embaucher celui qui s’est formé dans une école pour ça et sera sûrement plus aguerri et professionnel, plutôt que l’autodidacte. Je trouve ça dommage qu’on ne prenne pas le domaine artistique au sérieux et juste comme un loisir alors que non, ça peut être un simple plaisir certes mais si c’est dans le but d’en faire son métier il faut apprendre comme un professionnel.

En effet, cela est malheureusement vrai, le métier d’acteur n’est pas pris pour ce qu’il est réellement : nous avons remarqué qu’il n’y avait pas beaucoup de personnes issues de minorités dans de grands films prestigieux, mis à part dans des rôles « clichés ». As-tu un avis sur ça ?

C’est le traditionnel débat ça. En vrai au lieu de rabâcher ce que l’on sait déjà, je vais juste dire que pour moi il y a qu’une seule issue à ce problème, c’est se former, s’élever puis ensuite créer des projets communautaires pour mettre en avant ces minorités soi-même.

C’est ce que j’entreprends personnellement, et actuellement j’ai un projet de spectacle musical qui pourrait être adapté en film, série ou même produit et mis en scène pour le théâtre et dans lequel je compte embaucher un maximum d’artistes issus de minorités pour en interpréter les rôles principaux.

Il faut cesser de dire « on veut des rôles moins stéréotypés », ça nous place dans une position attentiste qui consiste à mendier du travail et un changement venant de la part d’une élite non touchée directement par le problème, quand on y pense ça n’a pas de sens. On peut attendre longtemps comme ça sinon et je n’ai jamais été un grand patient.

L’industrie actuellement ne trouve aucun intérêt, financier principalement car tout tourne autour de l’argent, à changer ça. Cet intérêt il faut le créer en devenant bankable nous-même et là ça changera, à mon humble avis.

Hors milieu professionnel, tu te définirais comme introverti ou extraverti ? Remarques-tu un réel changement lorsque tu es sur scène comparé à ta vie normale ?

Je suis très extraverti. Sur scène je suis comme un poisson dans l’eau du coup car au contraire je peux être moi-même complètement et me lâcher. Si vous passez une journée avec moi vous verrez que même dans la vie de tous les jours je joue beaucoup de rôle, j’ai toujours aimé faire le show, faire rire etc. c’est mon truc.

Sèdo, tu es passé sur une grande chaîne française pour parler de ton parcours : comment s’est déroulé cette journée 100% pro ?

C’était vraiment génial puis très grisant et excitant, le fait que ce soit mon premier passage en direct à la télé a joué également dans l’euphorie que j’ai ressenti ce jour là.

J’ai été très bien accueilli, tout s’est déroulé à merveille et surtout ce qui m’a vraiment fait chaud au cœur ce sont toutes les réactions qui ont suivi de mes amis, de ma famille et de la communauté réseaux sociaux également.

J’ai reçu un soutien massif puis énormément de félicitations, j’avais l’impression d’avoir réussi alors que pour moi ce n’est vraiment que le début, mais c’est clair que c’est un accomplissement énorme de voir une si grande chaîne dresser un portrait si flatteur de moi qui a pu être regardé dans toute la France par conséquent. J’espère qu’il y en aura d’autres.

Pour finir Sèdo, as-tu un conseil à donner à celles et ceux qui vont te prendre pour exemple en lisant à la loupe cette interview afin de réussir comme tu le fais ?

Alors ça va paraître peut-être étrange comme réponse mais je conseillerais au contraire de ne pas me prendre pour exemple et de ne prendre personne en exemple à part soi-même. Je pense qu’on doit être son propre exemple, sa propre inspiration, se créer son monde, son univers, ses aspirations, ses réussites, son bonheur.

Croire en soi matin midi soir, apprendre chaque jour à se connaître un peu plus, à savoir ce que l’on désire et à quoi l’on aspire. S’écouter, c’est très important, beaucoup de gens oublient de le faire et passent leur temps à écouter les autres alors qu’avant ça il faut écouter son cœur et sa tête.

On est les mieux placés pour savoir ce dont on a besoin et ce que l’on désire, ce n’est parfois pas évident à trouver mais c’est primordial de le faire, de se poser seul avec soi-même et de réfléchir sur ça : « Qui suis-je ? À quoi est-ce que j’aspire dans la vie ? De quoi ai-je envie ? » etc.

Je trouve mon parcours vraiment excellent pour l’instant mais j’aspire à tellement plus que pour moi je n’ai encore rien fait là. La consécration à mes yeux est encore loin et je travaille chaque jour pour l’atteindre donc tant que ce n’est pas fait, vraiment je laisse chacun faire son parcours même si ça me flatte qu’on puisse m’ériger en exemple.

Vous savez derrière chaque réussite il y a ce qu’on appelle l’envers du décor et pour ma part c’est ce qui m’importe le plus, mes erreurs de parcours, mes difficultés, mes peines, mes efforts etc. et ça les gens ne le savent pas, je n’ai pas forcément envie qu’ils le sachent non plus mais ce que je veux dire c’est que quand tu connais l’intégralité de l’histoire de quelqu’un tu remarques que c’est un être humain comme tout le monde avec une destinée atypique comme tout le monde.

Je préfère garder cette image là de garçon simple qui vit sa propre histoire, je cherche pas être vu comme un modèle ou être idolâtré car ça n’a pas lieu d’être et à la première faute que je ferai, comme tout être humain, je serai jugé différemment par rapport à mon éventuel statut public d’ici là et j’ai horreur de décevoir.

Chacun est exceptionnel, chacun devrait faire sa vie en fonction de soi et soi seul, chacun devrait être jugé sur ses actes uniquement avec tolérance et équité. Voilà mon conseil de fin, considérez vous et vous seul uniquement, ne faites pas votre vie en fonction des autres, ça vous donnera moins de pression et vous rendra plus heureux et accompli.

Vous pouvez également lire notre article précédent sur la fête des pères.